Emmanuel Macron a annoncé le 1er avril 2020 un aménagement des règles de confinement certaines personnes handicapées, en les autorisant à sortir « un peu plus souvent » dans des lieux « porteurs de repères rassurants ».
À l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, le 2 avril, le chef de l’Etat a adressé un message vidéo aux personnes en grande difficulté au regard de leurs troubles du spectre de l’autisme, déficience intellectuelle, déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, troubles psychiques et à leurs accompagnants, qui connaissent une période « difficile » avec la crise du coronavirus.
Un peu plus souvent
« Depuis le confinement qui a débuté le 16 mars, vos habitudes ont changé et vous êtes peut-être un peu perdus », déclare-t-il. « Vous aviez l’habitude d’aller travailler ou d’étudier tous les jours quelque part, et du jour au lendemain tout cela n’était plus possible (…) Vous aviez l’habitude de sortir de chez vous quand vous le vouliez, et du jour au lendemain, vous avez dû rester chez vous ». « Je sais que vous ne voulez qu’une seule chose : qu’on vous rende votre vie d’avant », ajoute Emmanuel Macron, car « pour certains d’entre vous, rester enfermé chez soi est une épreuve » qui « fait parfois monter une angoisse », « dure pour vous et pour vos proches ». Il précise qu’un formulaire d’attestation adapté spécialement pour eux et leurs accompagnants leur permettra de « sortir un peu plus souvent », pour se rendre sur les lieux habituellement fréquentés, « porteurs de repères rassurants« , tout en leur demandant de continuer à respecter les gestes barrières. Dans un communiqué, le Collectif Handicaps, qui regroupe plusieurs associations d’aide aux personnes autistes, s’alarmait de l’impact du confinement qui « plonge des personnes et leurs familles dans un total isolement, de profondes difficultés voire des mises en danger ».
En pratique
Cet assouplissement doit s’accompagner d’un strict respect des gestes barrière impératifs pour la sécurité sanitaire de tous.
• Pour les personnes en situation de handicap domiciliées chez elles, leurs parents ou leurs proches : leurs sorties, soit seules soit accompagnées, en voiture ou non, ne sont pas limitées à 1 heure, ni contraintes à 1 km du domicile -pour permettre notamment d’aller dans un lieu de dépaysement-, ni régulées dans leur fréquence et leur objet, dès lors que la personne ou son accompagnant justifie aux forces de l’ordre d’un document attestant de la situation particulière de handicap.
• S’agissant des déplacements d’un tiers professionnel ou non pour la prise en charge de personnes en situation de handicap : ce déplacement entre dans le cadre des déplacements pour assistance à personnes vulnérables, sans condition de durée ou de distance. Attention : cette mesure ne fait pas l’objet d’une attestation dédiée mais consigne est donnée aux préfets et aux forces de l’ordre d’une prise en compte spécifique. Il faut donc toujours pour autant remplir et avoir l’attestation habituelle dérogatoire de déplacement. Elle vient en complément des mesures prises pour tenir compte des besoins spécifiques des personnes en situation de handicap, comme l’attestation disponible en ligne en Facile à lire et à comprendre (FALC) et le fait de ne pas exiger des personnes aveugles ou malvoyantes d’attestation, sous condition de présenter une carte d’invalidité ou un document justifiant d’un tel handicap.
Un tour en voiture
Cet assouplissement est « une bonne chose, c’était très attendu par les associations et les familles », a réagi auprès de l’AFP Christine Meignien, présidente de la fédération Sésame Autisme. « Quand vous changez l’emploi du temps d’une personne autiste, ça génère des angoisses et des troubles du comportement qui peuvent être extrêmement violents », a-t-elle témoigné. De ce fait, les conditions de confinement qui prévalaient jusqu’à présent pouvaient entraîner « des mises en danger des personnes autistes et de leur famille », selon elle. « On a eu des cas où les pompiers ont dû intervenir pour des crises violentes ». « Pour certains, ce qui va les apaiser c’est un tour en voiture, ou une balade de plusieurs heures à pied. Donc on a dit depuis le début qu’il fallait nous autoriser à nous éloigner de plus d’un kilomètre pour aller par exemple courir ou crier dans une forêt… Sinon ça ne sera pas tenable, ni pour les familles ni pour les établissements », a commenté Mme Meignien.
En live, Sophie Cluzel complète
Lors d’un Facebook live le 2 avril, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat au Handicap, et Claire Compagnon ont apporté des réponses aux questions des 1 100 internautes connectés.
• Quels certificats peuvent être présentés aux forces de l’ordre pour justifier ce diagnostic de handicap en cas de contrôle ?
Les préfets ont délivré une instruction qui va être transmise aux forces de police, et un certificat médical, une attestation MDPH, une notification de droits pour un enfant ou adulte pourront être présentés pour vous autoriser à aller au-delà de 1 km et de l’heure de sortie.
• Mon fils autiste a été verbalisé car il est allé en forêt pour se défouler, que peut-il faire ?
Comme pour toute amende, il peut contester cette verbalisation. Il doit faire un recours sur son procès-verbal, qui sera certainement entendu par les forces de l’ordre.
• Notre maire a décidé un confinement total, nous n’avons plus le droit de sortir…
Il faut que je sache de quelle mairie il s’agit pour que l’on puisse lever cette interdiction totale avec le préfet. Nous avons déjà eu le cas avec une mairie, où il y avait un périmètre autorisé de seulement 10 mètres, c’est juste insoutenable.
• Mon fils de 22 ans, adulte Asperger, fait une crise tous les jours, il casse tout, je ne sais plus quoi faire…
Il ne faut pas rester seul et mobiliser l’établissement dans lequel il était accueilli le cas échéant. Inscrivez-vous sur la plateforme solidaires-handicaps et contactez la MDPH si votre fils est suivi pour qu’elle vous propose des solutions. Nous avons par ailleurs réorienté l’activité des centres ressources autisme avec un dispositif de soutien et d’accompagnement aux adultes isolés (voir sur le site du GNCRA). Pour les enfants, des téléconsultations sont possibles avec un certain nombre de professionnels ; même s’ils ne font plus de bilan diagnostic, ils peuvent être présents par téléphone.
• Comment faire mes courses quand je ne veux pas sortir car j’ai un enfant autiste ?
Faites appel à la solidarité du voisinage et inscrivez-vous sur la plateforme solidaires-handicaps.fr pour une mise en relation locale (article en lien ci-dessous).
• Nous avons rapatrié notre enfant à la maison, nos voisins se plaignent tous les jours du bruit et des cris, c’est dur. Avec les spots de pub qui passent en ce moment sur les mauvais traitements, j’ai peur qu’ils appellent la police…
Mieux vaut prévenir les voisins que votre enfant a une situation particulière et qu’il peut, à certains moments, s’exprimer, crier, pleurer violemment.
Source : https://informations.handicap.fr/a-macron-autisme-allegement-confinement-12775.php
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