Les troubles du langage écrit (dyslexie, dysorthographie et dysgraphie) se manifestent par des confusions et inversions de sons et de lettres, des fautes d’orthographe, voire une écriture lente et illisible. Ils sont repérables très tôt par l’entourage familial et scolaire. Toutefois, on en précise les caractéristiques à la fin du CE1 seulement.

Dyslexie, dysorthographie et dysgraphie : quels symptômes chez l’enfant ?

Plusieurs signes peuvent cohabiter, selon la nature des troubles présents chez l’enfant.

Comment se traduit une dyslexie (trouble de la lecture) ?

L’enfant dyslexique rencontre, lors de la lecture, des difficultés variées et plus ou moins nombreuses, à savoir :

  • des erreurs d’identification des lettres ;
  • des confusions auditives entre des sons proches (p/b, t/d, s/z) et des mots de prononciation voisine (ex. : pain/bain), malgré une audition normale ;
  • des omissions auditives (ex. : « tabe » au lieu de « table », « pote » pour « porte ») ;
  • des confusions visuelles entre des lettres de formes proches (f/t, n/r, p/q, b/d), des syllabes (ua/na, ul/lu) et/ou des mots présentant des similitudes (ex. : fache/tache), malgré une vision normale ;
  • des inversions de lettres (ex. : « por » au lieu de « pro », « bla » pour « bal », « fitre » pour « frite »), voire des inversions ou fusions de mots (ex. : « quarantan » au lieu de « quarante ans ») ;
  • des ajouts de lettres (« poltron » devient « polteron », « escapade » devient « cascapade ») ;
  • des problèmes de mémorisation d’éléments perçus visuellement (dus à une perturbation de la mémoire de travail, qui stocke l’information pour quelques secondes en vue d’un usage immédiat).

En raison des troubles qu’ils présentent, les enfants dyslexiques ont habituellement plus de facilités à l’oral qu’à l’écrit, et en mathématiques qu’en français.

Comment se traduit une dysorthographie (trouble de l’expression écrite) ?

La dysorthographie, fait suite à la dyslexie et se manifeste par :

  • des difficultés à transcrire des mots qui se prononcent pareillement mais s’écrivent différemment : « mer » et « mère », « eau » et « haut »,
  • des confusions de genre et de nombre,
  • des erreurs de syntaxe : « leçon » et « le sont ».

Cela se traduit par de nombreuses fautes d’orthographe, l’absence fréquente de conjugaison des verbes et des erreurs grammaticales, rendant les phrases peu cohérentes.

Comment se manifeste une dysgraphie (trouble de l’écriture) ?

L’enfant dysgraphique est incapable de se concentrer à la fois sur l’écoute, la compréhension des mots et le fait de tracer des lettres. Il écrit lentement, et il a du mal à diriger son crayon. L’écriture le fatigue et entraine des douleurs du poignet et du bras.

L’écriture est plus ou moins lisible, à cause d’une irrégularité :

  • dans la forme des lettres ;
  • au niveau des espaces (entre les lettres d’un même mot et/ou entre les mots).

Ces difficultés peuvent aller jusqu’à une agraphie (incapacité à écrire en raison de difficultés dans l’usage du crayon).

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La détection des troubles du langage écrit (dyslexie, dysorthographie et dysgraphie)

Le repérage précoce des troubles du langage écrit permet une prise en charge plus rapide, favorise une bonne évolution et facilite la scolarisation de l’enfant.

Il consiste à déceler d’éventuels facteurs de risque et signes liés aux troubles du langage écrit (qui se déclarent parfois très tôt). Cette démarche peut être menée par :

  • la famille de l’enfant ;
  • les professionnels de l’enfance (assistantes maternelles, personnel d’une crèche ou d’un centre de protection maternelle et infantile, équipe éducative en maternelle puis en primaire) ;
  • le médecin traitant ou le pédiatre lors des examens de suivi médical de l’enfant ;
  • le personnel de la médecine scolaire (médecin, infirmière).

Repérer rapidement les difficultés de l’enfant face à la lecture et l’écriture

Les signes possibles sont variés.

L’enfant de 5 ans n’arrive pas à dire ce qu’il veut, ni à reconstituer une histoire à partir d’images. Il dessine des bonhommes mal structurés. De plus, il maîtrise mal les repères spatiaux (dessous/dessus, devant/derrière, haut/bas) et/ou temporels (matin, midi, soir).

En fin de CP, l’enfant ne parvient pas à lire les syllabes ou fait de nombreuses erreurs. Il éprouve des difficultés à percevoir la segmentation des mots en syllabes (ex. : dans un jeu de rimes, il n’identifie pas la sonorité commune entre « patte » et « chatte »). Il a des difficultés à l’expression orale ;

En CE1, sa lecture est lente, imprécise et le message écrit n’est pas compris. L’enfant écrit lentement, il se fatigue vite et a parfois des crampes. Son écriture est illisible ou comporte de nombreuses erreurs. Ses cahiers sont peu soignés (nombreuses ratures, dégradation de l’écriture au fur et à mesure de l’exécution de la tâche). ;

Le comportement de l’enfant change. Il refuse de lire, d’aller à l’école. Il s’adapte mal à la classe. Il se renferme sur lui-même, présente une fatigue anormale malgré un rythme de sommeil régulier, voire des troubles de l’attention.

Dépister systématiquement une dyslexie, dysorthographie ou dysgraphie

Le dépistage correspond à la recherche systématique d’un trouble des apprentissages et particulièrement du langage écrit, par un médecin formé (médecin traitant ou de protection maternelle et infantile, médecin scolaire, pédiatre).

Cette démarche repose sur la réalisation de tests adaptés à l’âge de l’enfant. Ils sont programmés à plusieurs périodes clés, à savoir :

  • dès l’âge de 2 ans en cas d’antécédents familiaux de troubles « dys » ;
  • à 4 ans : acquisition de la connaissance des lettres ;
  • à 6 ans, lors de la visite médicale scolaire :  début d’apprentissage de la lecture et de l’écriture ;
  • entre 7 et 9 ans en fin de CP ou de CE1, jusqu’à l’aboutissement de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

Le diagnostic de la dyslexie, de la dysorthographie et de la dysgraphie

Le diagnostic de trouble du langage écrit ne peut être envisagé que s’il existe un retard  durable d’apprentissage de la lecture et de l’écriture par rapport au niveau requis.

En conséquence, le diagnostic de trouble du langage écrit et en particulier de la dyslexie ne peut être posé avec certitude qu’à la fin de l’année de CE1 (période où la majorité des enfants maîtrisent la lecture et l’écriture).

Le diagnostic repose sur la réalisation d’un bilan complet, permettant :

  • de définir la sévérité du trouble du langage écrit et ses caractéristiques : dyslexie, dysorthographie, dysgraphie ;
  • de détecter une éventuelle pathologie auditive, visuelle, neurologique, psychologique ou psychiatrique, à l’origine des troubles.

Ainsi, le médecin traitant ou le pédiatre peuvent prescrire un bilan chez un orthophoniste (auxiliaire médical spécialiste de la rééducation du langage). Le médecin de santé scolaire peut également prescrire un bilan orthophonique pour les élèves scolarisés dans les établissements d’enseignement des premier et second degrés de son secteur d’intervention.

D’autres examens peuvent être utiles selon chaque cas et sont alors prescrits par le médecin de l’enfant :

  • un examen ophtalmologique et/ou un bilan orthoptique (étudiant la motricité des yeux), principalement si l’enfant présente des maux de tête en fin de journée ;
  • un test d’audition (audiogramme) mené par un oto-rhino-laryngologiste ou « ORL » (spécialiste des oreilles, du nez et de la gorge), en particulier en cas d’otites à répétition ou d’otite séreuse, ou si une surdité est suspectée ;
  • une consultation psychologique comprenant la réalisation d’un test de quotient intellectuel (QI) et/ou de tests de personnalité ;
  • un bilan psychomoteur, si une dyspraxie est suspectée;
  • éventuellement, un rendez-vous chez un neuropédiatre (pédiatre spécialiste des maladies du système nerveux), en cas de troubles complexes des apprentissages.

Dans tous les cas de troubles « dys » (troubles dont le nom commence par « dys » : dysphasie, dyscalculie…), comme la dyslexie, ce bilan est capital et sollicite plusieurs professionnels. On parle alors de « bilan diagnostique pluridisciplinaire coordonné par un médecin ». Celui-ci doit être demandé devant la persistance de difficultés sévères malgré une prise en charge bien suivie. Il est particulièrement indiqué lorsque des décisions importantes d’orientation de la rééducation ou de la scolarité doivent être prises.

Diagnostiquer la dyslexie au bon moment

L’apprentissage du langage écrit nécessite au total un ou deux ans, et n’est terminé qu’à la fin du CE1 pour la plupart des enfants. En posant le diagnostic de dyslexie à cette période, on est certain d’être en présence de cette affection, et non d’un simple retard d’acquisition du langage écrit.

Le bilan orthophonique permet de préciser les caractères de la dyslexie :

  • La dyslexie phonologique entraîne une confusion des sons et une difficulté à les assembler pour former des mots. On observe aussi un problème de transcription des lettres en sons. Cela rend difficile la lecture de mots nouveaux, et pousse l’enfant à favoriser la lecture globale.
  • La dyslexie « de surface » est due à une mauvaise reconnaissance visuelle des lettres et des mots. L’enfant lit et écrit mal les mots graphiquement éloignés de leur sonorité (« femme » devient « fame »). Il maitrise mal les syllabes complexes (« euil », « oin »). De plus, il lit lentement, car il mémorise peu ou pas l’orthographe des mots et hésite sur leur sens.
  • La dyslexie « mixte » associe les formes phonologiques et de surface.
  • La dyslexie visuo-attentionnelle perturbe l’analyse des mots et des textes, à cause d’un trouble de l’attention. Elle se manifeste par la substitution de mots visuellement proches (asseyez/essayez) et le fait de sauter des lignes en lisant un texte.

Source : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/troubles-langage-ecrit/symptomes-detection-diagnostic

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