Le TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) « maladie imaginaire », « enfants mal élevés « , « excuse des gamins feignants » 😱.
La petite musique de la « pathologie-bidon-et-bien-commode » croit dans les médias, portée par des psychanalystes en cour.
Et puis il y a la réalité scientifique: une étude commandée par la Délégation interministérielle pour les troubles du neurodéveloppement (DI-TND) au Pr Hervé Caci se penche sur le sujet (et c’est passionnant).
Combien d’enfants et d’adultes sont aujourd’hui concernés par un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) en France ? Comme dans le reste de l’Europe, on s’accorde généralement pour considérer que cela toucherait directement entre 3 et 5% des enfants en âge scolaire. Ces estimations du pourcentage de population concernée (prévalence) s’appuient généralement sur des études internationales.
Peu de données recueillies en France
L’une des plus récentes, publiée en 2022, est une méta-analyse qui a passé en revue les données de 14 études. Elles ont été menées entre 1990 et février 2021, dans 11 pays à revenus élevés et sur plus de 61 500 enfants au total. Cette analyse aboutissait à la conclusion que 3,7 % des enfants et adolescents des pays « riches » sont concernés.
Mais peu de travaux scientifiques ont été conduits pour l’évaluer plus précisément dans l’hexagone. Très peu même. « La France est vraiment pauvre en données recueillies sur son sol, bien plus qu’un pays voisin comme l’Italie » observe le Dr Hervé Caci. Pédopsychiatre à l’hôpital pédiatrique du CHU Lenval à Nice, ce spécialiste du TDAH l’a constaté en s’attelant à l’étude qui lui avait été demandé en janvier dernier par la délégation interministérielle à la stratégie nationale pour l’autisme et les troubles du neurodéveloppement, où il était en charge du groupe de travail sur l’épidémiologie.
Connaître la prévalence pour mieux prendre en charge
On ne peut pas se fonder sur une rapide règle de trois (fausse de surcroît) pour affirmer que le TDAH n’existe pas, ni réduire le problème à 0,30 % d’enfants qualifiés de mal élevés par des parents supposés incompétents.
« L’épidémiologie descriptive, qui sert à quantifier la fréquence d’un phénomène, est absolument capitale. On ne peut pas discuter sans s’appuyer sur des chiffres scientifiquement solides » rappelle Hervé Caci. Une pique ouvertement adressée à ceux qui alimentent régulièrement le débat en remettant l’existence de ce trouble du neuro-développement en question, notamment parmi les tenants de la psychanalyse.
« On ne peut pas se fonder sur une rapide règle de trois (fausse de surcroît) pour affirmer que le TDAH n’existe pas, ni réduire le problème à 0,30 % d’enfants qualifiés de mal élevés par des parents supposés incompétents, alors que des milliers de publications scientifiques dans le monde disent le contraire. Et démolir ainsi les efforts faits depuis 20 ans pour prendre en charge ceux qui en souffrent » insiste le pédopsychiatre.
Connaître le taux de prévalence du TDAH en France le plus précisément possible est un préalable essentiel aux politiques de santé publique. C’est indispensable pour pouvoir dimensionner la prise en charge et allouer les moyens financiers correspondants.
Le TDAH existe bien, l’épidémiologie le prouve
Pour l’établir, « la méthodologie était relativement simple » explique le pédopsychiatre. Il a plongé dans les bases de données qui recensent les études scientifiques publiées depuis les années 1990. A la recherche de toutes celles qui ont exploré la prévalence du TDAH en France, il n’en a trouvé que 4 concernant les enfants et 4 autres pour les adultes, entre 1994 et 2018 !
«La qualité de ces études est inégale, et particulièrement discutable pour les adultes » observe Hervé Caci. « Des études bien conduites seraient vraiment nécessaires en population générale, mais aussi auprès de populations particulières : chez les personnes qui souffrent de troubles du développement – y compris d’un TSA (trouble du spectre autistique) – d’addiction, d’anxiété, ou en milieu carcéral notamment. »
En attendant, la méta-analyse des données de cette revue de la littérature scientifique française et des résultats- non publiés- de l’étude Chip-ARD, conduite par ses soins dans l’académie de Nice permet d’établir un taux de prévalence du TDAH de 3,68 % chez les enfants. « On peut raisonnablement penser qu’il avoisine 4 % à partir de mes seules données » explique le Dr Caci.
Cette estimation du pourcentage d’enfants directement touchés, proche de ceux rapportés dans les études internationales, prouve en tous cas que le TDAH existe bel et bien. « Les acteurs de la santé peuvent d’ores et déjà considérer que 0,8 million d’enfants dans la population générale métropolitaine française peuvent être atteints de TDAH et souffrir de ses multiples conséquences » concluait l’article consacré aux conclusions de cette étude, publié en août dans la revue de psychiatrie l’Encéphale.
Source : Claudine Proust sur https://www.zebre-et-compagnie.fr/le-tdah-concerne-pres-de-4-denfants-en-france/
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