Dissonances
Il y a des informations qui font mal aux oreilles… Comme d’apprendre, en cette journée mondiale de lutte contre le SIDA, que le nombre de contaminations au VIH stagne malgré les progrès en termes de prévention, d’accès aux soins ou au dépistage, notamment pour les jeunes.
Que dire par ailleurs des « processus de paix » qui se déroulent sous les bombes ?
Dans d’autres registres certes moins dramatiques, certaines actualités sonnent comme du grésillement, nous en avons encore quelques exemples cette semaine. Pêle-mêle, on peut citer l’éventuelle « dilution » des ARS alors que nous n’avons jamais eu autant besoin d’équité territoriale en matière de santé, les tergiversations du gouvernement en matière d’accompagnement à la vie sexuelle alors qu’il pourrait constituer (entre autres) un moyen d’apprivoiser la notion de consentement, ou encore l’entrée en vigueur du remboursement intégral des fauteuils roulants alors que l’accessibilité « physique » (mais pas uniquement bien sûr) est encore loin d’être une réalité dans nos villes.
Notre monde n’est décidément pas simple, ni à arpenter ni à comprendre, comme une chaîne cryptée à laquelle il manque le décodeur. Si encore on pouvait se consoler avec le film coquin du premier samedi du mois ! À défaut, disons-nous qu’on peut toujours se contenter d’un petit chocolat par jour avec ou sans calendrier de l’Avent…

Quand on arrive en ville… Le congrès des maires du 18 novembre dernier avait lieu dans un contexte particulier à bien des égards, nonobstant une temporalité qui s’inscrit à la fois 20 ans après la loi de 2005 et quelques mois en amont des prochaines municipales qui auront lieu en 2026. Si la citoyenneté est un des rouages qui doit donner son sens au futur service national volontaire, c’est – au quotidien – bien loin de la capitale, dans les communes, qu’elle s’exerce en premier lieu. L’occasion était donc toute trouvée pour poser le diagnostic de l’accessibilité au sens large (bâti, transports, services [numériques] etc.) dans ces collectivités, avec des acteurs de terrain donc. Volonté politique, moyens disponibles… Dans quelle mesure ces environnements sont facilitateurs ou a contrario, participent – encore – au processus de production du handicap, et pourquoi ? Retour sur la table ronde dédiée.
Courses à l’échalote. La transposition d’une directive européenne dans le code de la consommation a renforcé depuis le 28 juin 2025 le droit à l’autonomie pour les personnes en situation de handicap visuel par l’obligation de l’accessibilité numérique de l’ensemble des supports digitaux (site Internet, applications, services clients etc.) des principales grandes entreprises et services de l’État. Près de 10 ans après l’énoncé de la loi et 2 ans après la date limite de mise en conformité, le nombre de mauvais élèves reste malheureusement conséquent. Parmi eux des acteurs notables de la grande distribution, ce alors que les outils numériques sont les seuls à permettre aux personnes mal/non voyantes de faire leurs courses en toute autonomie, avec des enjeux et d’égalité et de dignité donc. Face à ces manquements persistants, 3 associations montent au créneau judiciaire. À suivre.
Pour qu’elles ne soient plus des proies. Dans un pays de droits comme le nôtre, il est tragique de voir, d’entendre encore si régulièrement des féminicides aux « actualités ». Pourtant, ces faits extrêmes ne sont que la partie émergée de l’iceberg des violences faites aux femmes. Certaines voix restent en effet invisibles, en particulier celles des femmes en situation de handicap qui, au-delà de leur vulnérabilité accrue, sont également sujettes à des violences spécifiques ou amplifiées. Sensibiliser, informer, lever les obstacles à leur écoute/leur parole est un enjeu majeur pour leur sécurité en tant que droit universel. Une journée dédiée c’est bien, mais pour briser le silence et en finir avec ce fléau, toutes les initiatives sont les bienvenues. À l’image de la maison des femmes qui a récemment ouvert Nancy.
L’instant X. Notre département étant très engagé sur cette question, nous nous faisons régulièrement le relais des différentes mobilisations pour l’expérimentation d’un service d’accompagnement à la sensualité et la sexualité en direction des personnes en situation de handicap. En effet, si le gouvernement affirme depuis quelques temps la volonté d’avancer sur les droits à l’autonomie pour une vie intime des PSH, il se montre frileux dès qu’il s’agit d’aborder la question concrète d’un accompagnement à même d’aller au bout de la démarche, qui figure pourtant parmi les recommandations du Conseil Consultatif National d’Éthique qui avait été saisi à cette occasion. Peut-être par crainte qu’ils soient encore trop assimilés à la prostitution/au proxénétisme, de tels services permettraient a contrario de proposer un cadre sécurisant pour les accompagnateurs comme pour les personnes accompagnées et d’aborder de manière concrète des thématiques comme le consentement. Le Conseil National Consultatif des Personnes en situation de Handicap du 21 novembre dernier faisait lui-même un point d’étapes sur cette arlésienne politique et les initiatives qui existent déjà sur le terrain. Retour en images sur cette conférence qui faisait témoigner experts, professionnels et politiques engagés.
Itinéraires bis. La transformation des ESAT s’est accompagnée de nouveaux droits pour les personnes accompagnées, les rapprochant du statut de salarié.e.s d’une part, mais également de mesures visant à simplifier les parcours professionnels, ou du moins la fluidité entre le milieu protégé et le milieu ordinaire. Afin d’éviter les ruptures de droits, les « parcours renforcés en emploi » sont ainsi des dispositifs qui permettent aux personnes quittant un ESAT de bénéficier d’un accompagnement médico-social et professionnel sur le long cours, tout en permettant un retour dans l’établissement d’origine en cas de rupture de contrat. Le PRITH Grand Est publie des fiches conseils/parcours à destination des travailleurs mais également accompagnateurs, professionnels de l’insertion et entreprises pour aborder sereinement ces transitions.
Gouvernance territoriale. 24 organisations sont signataires d’un communiqué porté par la Société Française de Santé Publique alertant sur les risques encourus par les potentielles modifications et transferts de compétences en matière de gouvernance sanitaire. En effet, en raison de critiques récurrentes envers les Agences Régionales de Santé (« lenteurs administratives », « allocation de ressources perfectible », « éloignement des réalités locales » etc.), le gouvernement envisagerait de les rattacher aux préfets voire de les dissoudre. Des annonces qui inquiètent, puisqu’elles toucheraient à la cohérence et à l’équité territoriale du système de santé, affaibliraient la démocratie en santé et priveraient, sous couvert d’économies budgétaires, d’institutions fortes, enracinées dans les territoires, capables d’articuler expertise, proximité et solidarité. « Renforcer plutôt qu’affaiblir », tel est leur mot d’ordre.
Des fédérations et associations disent NON à la suppression des Agences Régionales de Santé.
Pour le Collectif Handicap 54,
François JACQUES, Edito/Résumés
Vincent HAREL, Veille informationnelle
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