On ne sait pas encore très bien ce que c’est, mais ils arrivent ! Ce sont les PIAL, Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés. Comme leur nom l’indique, ils ont pour objet de favoriser l’inclusion scolaire des élèves handicapés en réorganisant les
procédures d’accompagnement.

Le Ministère les a présentés le 18 juillet dernier

Le 18 juillet 2018 le Ministre lançait une nouvelle étape de sa politique en faveur de l’inclusion scolaire. L’un des axes de cette politique consiste en la création « d’un dispositif d’accompagnement organisé en pôle au niveau des établissements scolaires ». Enseignants, parents, AESH,  personnels des services sanitaires et médico-sociaux sont concernés. Le but du nouveau dispositif serait de leur permettre de mieux travailler ensemble (Voir la plaquette « Ensemble pour l’école inclusive »).

Il y a beaucoup à revoir. Les parents sont les premiers à se rendre compte des insuffisances du fonctionnement actuel quand ils constatent que lors de la réunion de l’ESS (Equipe de Suivi de la Scolarité) les deux tiers des sièges restent vides, alors que l’ESS a été conçue pour être l’un des lieux privilégiés de la collaboration et du travail en commun.

Une première idée force : faire exister la communauté éducative

Le premier objectif du Ministère serait de parvenir à ce que sur un territoire donné – une école, un établissement, peut-être un regroupement des uns et/ou des autres le processus inclusif ne reste pas l’affaire de quelques individus mais qu’il devienne un engagement de la communauté éducative comme telle et donc qu’il s’inscrive dans la durée.  D’où l’idée de pôle d’action localisé.

Sans cet engagement des équipes éducatives, la communauté, les parents se trouvent dans une situation impossible, comme l’exprime cette responsable régionale de DMF dont le fils fréquente le lycée : « Je trouve qu’il manque, comme dans beaucoup de sites sur le handicap, la nécessité d’un cadre collectif (projet d’établissement, pilotage… etc). La responsabilité individuelle de l’enseignant et du parent, ça commence à me peser… » (juin 2018). Car, dit-elle encore, selon son expérience, au collège ou au lycée une année se passe bien,  suite à l’engagement de deux ou trois enseignants ; mais l’année suivante, on se heurte au désintérêt des enseignants et de l’établissement…

Il faudrait donc que l’inclusion soit à chaque fois le projet d’une école ou d’un établissement. Mais comment y parvenir alors qu’en fait, actuellement, les directeurs et les chefs d’établissement ont bien peu de marge de manœuvre pour former, autour d’un projet, une équipe homogène ? C’est l’un des problèmes qui attendent les promoteurs des PIAL.

Une seconde idée force : faire travailler « en synergie » tous les intervenants

Le second objectif du PIAL serait de faire travailler en synergie non seulement les enseignants mais l’ensemble des personnels qui interviennent dans le cadre de l’inclusion des élèves en situation de handicap. Le Ministère reconnaît la nécessité de s’interroger sur la coordination des moyens d’accompagnement dans une organisation plus globale des aides humaines, pédagogiques, éducatives et thérapeutiques. C’est le problème du partenariat qui est ici posé.

Le document du Ministère ne précise pas quels sont les problèmes qui ont conduit à la création du PIAL. Il laisse sans doute le soin de les identifier à ceux qui mettront le projet en œuvre. C’est pourquoi, en guise de contribution, nous en pointons sans attendre quelques-uns :

  •  C’est le partenariat dans son ensemble qui est concerné. Nous avons évoqué récemment, dans l’article « Formation des enseignants pour une école inclusive : miser sur le partenariat» l’intérêt et même la nécessité du partenariat pour la formation et pour
    la motivation  des enseignants. Mais qui dit partenariat dit concertation. Nous avons souligné que la concertation demande du temps et de la disponibilité, pas seulement pour les enseignants, mais pour l’ensemble des partenaires. Nous avons suggéré que partenariat et concertation soient pris en compte dans le cadre de la formation
    continue.

Il faut bien voir que la question de la concertation entre les intervenants se pose à tous les niveaux et nous ne sommes pas étonnés de constater qu’elle est au cœur des préoccupations d’un certain nombre d’associations ou de groupes de professionnels.

  • La relation enseignants / ATSEM dans les maternelles, mérite sans doute une attention particulière puisqu’elle est à l’ordre du jour des 11èmes Rencontres nationales du GFEN
    (Groupe français d’Education Nouvelle), qui porte précisément pour titre : « Enseigner à l’école maternelle. Penser le métier et les partenariats » le samedi 22 janvier 2019, à Paris. D’autres aspects du partenariat seront également évoqués lors de cette Rencontre : avec les parents, avec les AVS, avec les professionnels de la petite enfance…
  • Concernant les rapports enseignants / AVS ou AESH, les difficultés  ne manquent pas non plus. Un bon exemple nous en est donné dans un commentaire reçu à la suite de l’article sur le partenariat : « La formation apportée aux AESH est dans certains domaines plus pointue et technique (ABA, PECS…) que celle que les enseignants reçoivent. Les accompagnateurs à la scolarité sont alors bien souvent ensuite dans une position délicate vis à vis des enseignants avec lesquels ils travaillent. Ils détiennent un savoir et une pratique que les enseignants ne maîtrisent pas. Ce qui met les AESH dans une position peu confortable puisqu’ils disposent d’une marge de manœuvre et de prise d’initiative très faible. Certains enseignants tiennent à rester « LE MAITRE » dans leur classe et ne sont
    pas prêts à recevoir conseils et remarques. 
    »

Au terme, on ne peut que souhaiter que le Ministère réussisse à « mobiliser sur son projet tous les enseignants », comme il le préconise, et à « coordonner tous les moyens d’accompagnement », qu’ils soient d’ordre pédagogique, éducatif et thérapeutiques ou de l’ordre de l’aide humaine.

C’est une question d’actualité. Mais c’est aussi un vaste programme, qui demande un minimum de planification. Or sur ce point, le projet est bien peu explicite. Il est question de nommer un coordonnateur départemental. Mais encore ? Sans doute faut-il inventer de nouvelles manières de travailler sur le terrain. Le ministère attend peut-être que les intéressés, et notamment les enseignants et les AESH, lui fassent des propositions ?

Note complémentaire à propos du métier d’AESH

A côté du volet sur les PIAL, le projet « Ensemble pour l’école inclusive » contient un second vole qui ne saurait en être complètement dissocié et qui porte sur le métier d’AESH. Le Ministère envisage de « rénover le dispositif d’accompagnement des élèves en situation de handicap à partir de la rentrée 2019. »

Et de fait le processus semble enclenché. Le « Collectif AESH en action ! » a déjà fait savoir, sur Facebook, qu’il est invité à participer à la réunion du groupe « accompagnant » le mercredi 19 décembre 2018. Il a bien l’intention, dit-il, de » défendre la création d’un vrai métier statutaire d’AESH au sein de l’Education Nationale« . On ne sait pas quels sont les autres groupes ou les autres associations invités à cette concertation.

Par Pierre BALIGAND|Publié 17 décembre 2018-Mis à jour 8 février 2019

Source: https://ecole-et-handicap.fr/poles-inclusifs-daccompagnement-localises/

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