Quand nos profs nous ont dit : « sexe en société », on s’est tous un peu regardés. Qu’est-ce qu’on pouvait faire de ça dans un webdoc ? Par quel bout le prendre ? Quel angle adopter ?

On a beau être formés à l’école de « la prise de distance pour une information de qualité », dans le Master “Journalisme : reportage et enquête” de Sciences-Po Rennes, on – les quatorze étudiant.e.s de la promotion – faisait moins les malins. Et on avait six mois devant nous.

Après quelques semaines de recherches, on a tous convergé vers la question de l’exclusion, ou plutôt des exclu.e.s de la sexualité, face aux contraintes, aux efforts, au combat qu’elle représente. Détenu.e.s, patient.e.s d’hôpital psychiatrique, résident.e.s en maison de retraite, sans-abri, ou personnes en situation de handicap : des populations variées, incomparables, sinon pour ce qui les unit… Ce sont les “sexclus”. Nous voulions mesurer les barrières à franchir, observer les stratégies inventées, décrire les solutions trouvées, chaque jour, pour accéder, comme les autres, à une sexualité épanouie.

Si parler de sexe n’est pas une mince affaire, ça l’est encore moins avec des personnes dont les actes ordinaires sont déjà jugés et/ou contraints. Qu’il est rude, parfois presque impossible, de trouver des gens prêts à témoigner ! A fortiori lorsque des institutions font traîner les autorisations d’entrée sur plusieurs mois, manière de faire l’autruche. Et chaque fois qu’un témoin accepte, se pose la question de sa protection, de son anonymat, de son entourage. Il est arrivé que nous choisissions de flouter une vidéo, de déformer une voix, ou de modifier une identité.

Le sexe n’est pas qu’une affaire de jouissance et de plaisir. Ce dont nous parlons beaucoup, finalement, c’est tout simplement d’humanité. De la manière dont, vivant à la rue, ils et elles se cachent pour s’aimer. De la violence, qui conditionne la sexualité des détenu.e.s. Des raisons pour lesquelles, avec un corps handicapé, la route de l’amour se cabosse en chemin de croix. De la frustration, lorsque la libido paie le prix du traitement qui soigne un esprit torturé. Ou de la rage, lorsqu’à plus de quatre-vingts ans, on vous rit au nez juste pour vouloir « avoir des rapports ». Pour s’épanouir, il faut batailler. Leur intimité est un combat. C’est ici qu’on vous le raconte :

http://sexclus.fr/

Les quatorze étudiants du Master 2 « Journalisme : Reportage et Enquête » de Sciences Po Rennes.


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