Au nom de la loi
Contrairement aux interminables discussions relatives au vote du budget 2025 –qui pourraient sous peu mener à une 3e dissolution de l’Assemblée Nationale en moins d’un an–, il fut une époque où le consensus existait encore, car certains principes faisaient sens.
C’était il y a tout juste 20 ans, Jacques CHIRAC était toujours de ce monde, et sous sa présidence de la république le Parlement votait une loi ambitieuse en faveur des personnes que l’on considérerait dès lors dès lors en « situation de handicap ».
Avancée majeure en terme de définitions, reconnaissances et compensations desdites situations, la loi du 11 février 2005 avait tout pour convaincre, sur le plan législatif, que la France allait devenir un pays réellement inclusif. Mais faute de moyens financiers, et il faut bien le dire dans certains cas, de volonté politique, elle est insuffisamment appliquée dans tous les champs concernés, avec de fortes disparités territoriales.
En somme, un beau projet architectural pour un édifice qui n’a jamais abouti et dont le chantier reste en cours pour une durée indéterminée. Pis, une loi qui porte bien mal son nom est venue casser l’élan de l’ « accessibilité universelle », un des 2 piliers sur lequel se fonde la loi.
Certes, tout n’est pas noir. La scolarisation en établissement ordinaire par exemple est passée de 100 000 élèves en 2006 à 436 000 en 2022 (chiffres CNSA). Une meilleure considération des « handicaps invisibles » s’est traduite par des mesures de soutien à l’autonomie. La prise de conscience du rôle crucial des aidants a fait émerger de nombreux lieux d’accueil et de conseil. La création de la 5e branche dédiée à l’autonomie a fait naître de grands espoirs sur son financement et la disparition de la barrière d’âge des 60 ans. On a même entendu parler de préfets délégués à l’accessibilité… Malheureusement chaque progrès dans les textes est à nuancer d’une effectivité déconnectée des attentes. Les dérogations, échéanciers, délais supplémentaires repoussent sans cesse le rêve d’égalité. Et pour couronner le tout, le manque d’attractivité du secteur social et médico-social occasionne une pénurie de professionnels sans précédent.
De fait, « vivre selon ses choix » et devenir un citoyen à part entière est encore loin d’être une réalité pour les personnes en situation de handicap.
La carotte n’ayant pas marché, CNCPH et Collectif Handicap en appellent à une « judiciarisation de l’accessibilité ». Décidément, cet anniversaire prend des tournures de piñata.
Mais le bâton (si tant est qu’on puisse le mettre en œuvre) sera-t-il plus efficace ?
“Le paradoxe de la condition humaine, c’est qu’on ne peut devenir soi-même que sous l’influence des autres”, écrit Boris CYRULNIK. Tant d’acteurs restent mobilisés pour que ce paradoxe puisse prendre les couleurs de la diversité… Comme toujours, nous relayons leur appel.
https://www.collectifhandicaps.fr/faisons-bouger-la-republique/
20 ans de la loi du 11 février 2005 : A quand l’accessibilité pour toutes et tous ?
20 ans de la loi du 11 février 2005 : toujours autant de précarité pour les situations de handicap.
20 ans de la loi du 11 février 2005 : Pour un droit à la compensation effectif .
20 ans de la loi du 11 février 2005 : Pour plus de justice sociale dans l’emploi.
20 ans de la loi du 11 février 2005 : Le droit à l’éducation n’est pas une option.
20 ans de la loi du 11 février 2005 : Contre les discriminations en santé.
Pour le Collectif Handicap 54, François JACQUES, Edito Vincent HAREL, Veille informationnelle |
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