Rappel : Qu’est-ce que le TSA ?
Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) fait partie des troubles du neurodéveloppement (TND). Le neurodéveloppement rend compte de la construction progressive et dynamique de réseaux de cellules dans le cerveau depuis la période anténatale jusqu’à l’âge adulte. Le diagnostic des TND repose actuellement sur des critères comportementaux parmi lesquels l’évaluation de la sensorialité occupe une place importante.
Le TSA est caractérisé par des troubles de la communication et des interactions sociales, des comportements stéréotypés et des intérêts spécifiques, ainsi que des atypies sensorielles. Le TSA concerne environ 700 000 personnes en France, soit environ 1% de la population.
Les particularités visuelles dans l’autisme
Dans l’autisme, il existe donc des atypies de traitement des informations visuelles depuis
le traitement d’informations élémentaires comme la luminance jusqu’à un niveau élaboré
comme celui des visages, lequel nécessite une coordination entre de nombreuses aires cérébrales.
De plus, ces particularités perceptives sont très hétérogènes, rendant leur caractérisation précise complexe.
Par ailleurs, certaines atypies sont certainement constitutives du trouble tandis que d’autres pourraient résulter de mécanismes de compensation mis en place par les personnes autistes pour pallier leurs difficultés. Ces particularités perceptives pourraient contribuer aux troubles de la communication et des interactions sociales retrouvés dans les troubles du spectre de l’autisme, mais aussi plus globalement sur les fonctions cognitives et motrices. Elles se répercutent également sur le quotidien.
Toutefois quelques limites à ces données sont à souligner. D’après une récente méta-analyse, seuls 6% des participants aux études publiées sur l’autisme présentent un trouble du développement intellectuel (Russell et al., 2019). Or, le pourcentage de personnes autistes ayant un quotient intellectuel inférieur à 70 est évalué entre 30 et 40 % (S. S. Kuo
et al., 2022). De même, il y a un déficit de connaissances sur les femmes autistes alors qu’une plus grande sensibilité sensorielle chez les filles et les femmes autistes a été mise en évidence (Kumazaki et al., 2015; Lacroix,2023; Lane et al., 2022; Taylor et al., 2020).
En outre, trop peu d’études comprennent des participants au-delà de l’âge 60 ans ; il y a donc, là encore, besoin d’études complémentaires pour évaluer les effets du vieillissement du système visuel, déjà atypique, dans l’autisme.
Sensorialité dans la ville
Se déplacer en ville constitue une expérience complexe et multisensorielle. La sensorialité
demeure une dimension encore peu prise en compte dans la conception et l’action urbaine,
et c’est d’autant plus vrai en ce qui concerne l’intégration des besoins des personnes présentant des atypies ou des handicaps sensoriels.
Or plusieurs études portant sur la qualité de vie des personnes autistes (c’est-à-dire comment elles perçoivent et évaluent leurs expériences de vie) ont mis en évidence la nécessité de considérer les particularités sensorielles pour l’améliorer (Lichtlé et al., 2022; Lin & Huang, 2019). Les qualités sensorielles d’un lieu, en effet, contribuent à une sensation de bien-être et sont favorables à la santé des habitants (réduction du stress, de l’exposition à des stimulations visuelles ou des bruits agressifs et répétés…). En fonction de notre niveau de sensibilité sensorielle, l’expérience de la ville peut donc être vécue de façon plus ou moins agréable, voire jusqu’à la rendre impraticable. Ci-après, des propositions d’aménagement de la ville sont
faites en prenant en considération tous les sens (pas seulement la vision).
Une ville adaptée aux particularités sensorielles des personnes autistes serait une ville perceptivement agréable et accessible à tous et à toutes, dans laquelle les stimulations se limiteraient d’une part aux stimulations naturelles du milieu et d’autre part à celles, artificielles mais nécessaires à la compréhension de l’espace.
Pour concevoir cette ville, l’approche par les capacités (Sen, 2001) appliquée à l’urbanisme, propose d’adopter une perspective centrée sur les possibilités réelles de chaque habitant, y compris ceux ayant des spécificités, afin qu’ils disposent du bien-être et de la liberté leur permettant de choisir leur accomplissement. Cela consiste à adopter une perspective centrée sur l’individu et à se concentrer sur l’interaction habitant-ville et non sur la ville elle même. Dans ce type de démarche, la présence d’équipements, d’aménagements mais aussi l’usage qui en est fait par les habitants doivent être pris en considération. Par exemple, une évaluation sensorielle de l’espace public lors d’une balade à pied associant des usagers et des représentants des collectivités s’insère dans ce cadre.
Pour lire les propositions, cliquez ci-dessous :
Contribution : Marie Pieron (coordination de l’évènement, préparation, animation et intervention de l’atelier, communication, financement, rédaction des livrets (court et long)), Klara Kovarski (préparation, animation et intervention lors de l’atelier, relecture du livret et contribution écrite à la version longue du livret), Sylvie Chokron (préparation, animation et intervention lors de l’atelier , communication, relecture du livret) et Cendra Agulhon (financement, logistique, préparation, animation et intervention lors de l’atelier présentiel,
relecture du livret, communication)
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