Grandes annonces, petits effets ?

« C’est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases…  »

C’est ainsi que Francis Blanche, sous la plume de Jacques Audiard, concluait un fameux bourre-pif dans « les Tontons Flingueurs ».

Ce qui est tout aussi curieux et peut-être doublement, c’est cette manie chez les politiques de faire des phrases censées rassurer, mais qui dans le meilleur des cas sont frustrantes, dans le pire affligeantes.

Nous en avons encore de beaux exemples cette semaine comme vous pourrez le constater–si ce n’est déjà fait–après la tenue du dernier Comité Interministériel du Handicap.

Le gouvernement envisage des chantiers, des concertations interministérielles, réaffirme des ambitions, planifie des comités de suivi… Il est même question, ce n’est pas une blague, de lancer « un comité de suivi visant à réaffirmer l’ambition claire du gouvernement : œuvrer de manière constante pour une société accessible à tous. »

Nos dirigeants sont-ils à ce point dépourvus pour en arriver à ce genre de proposition ? Nous aurions presque envie de les plaindre si le décalage entre les engagements inscrits dans la loi et ce que les personnes en situation de handicap vivent au quotidien n’était pas si grand.

20 ans après la loi de 2005, comment d’ailleurs interpréter la formule « œuvrer de manière constante pour une société accessible à tous » ? On peut sans équivoque affirmer que la constance de cette préoccupation est le fruit des associations qui militent en ce sens, mais qui souhaiteraient surtout une accélération dans la mise en œuvre…

Il faut parfois se réprimer de songer à un ministère de l’efficacité gouvernementale, tout aussi évasif et outrancier par principe. Certains proposent de judiciariser l’inaction. Mais mettre des amendes à des collectivités en déficit ne serait-il pas aussi contre-productif que de faire payer des agios à des ménages surendettés ?

Quoiqu’il en soit, l’inaction a et aura toujours un coût. Le gouvernement en a conscience, on ne peut nier qu’il y a eu des progrès et des propositions sont sur la table. Mais les attentes, dans tant de domaines, sont tellement importantes, que l’on aimerait enfin moins relayer des effets d’annonce qu’annoncer des faits !

Il y a au moins une bonne nouvelle dans cette édition, on l’a gardé pour la fin, car elle justifie les moyens…

Des personnes font la queue devant un cinéma, parmi elles tout au bout des personnes en situation de handicap
File d’attente devant un cinéma–image générée–le chat

«  Vers une société bâtie sur le «  tous pour un «  et non le «  chacun pour soi  » ».

Un Comité Interministériel du Handicap, c’est un peu comme le pitch d’un nouvelle adaptation des 4 mousquetaires. Nous en avons longuement parlé dans l’édito, on vous laisse prendre connaissance du scénario, en espérant qu’il trouve des producteurs. Un peu en amont, Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’autonomie et du handicap, évoquait un« tour de France des MDPH ».

CIH du 6 mars : Mesures à venir pour simplifier les démarches auprès des MDPH ?

Comité Interministériel du Handicap 2025 : le dossier de presse

Solidarités TV, plus forte que le groupe Bolloré ! C8 et CNews disparaissent, mais pas la chaîne du réseau UNIOPSS/URIOPSS, qui revient en force avec un fil rouge (« le prix de l’inaction ») et une émission consacrée aux 20 ans de la loi de 2005. Plateau, duplex, vidéos et surtout des intervenants et partenaires qui approfondiront des thèmes centraux comme l’accessibilité ou la scolarisation. Inscription obligatoire.

Solidarités TV : « Loi de 2005 sur le handicap : quel bilan 20 ans plus tard ? ». Le 13 mars à 14 heures.

Caramels, bonbons et chocolats… Simplification des démarches, articulation du médico-social au sein de l’école, formation/attractivité du métier d’AESH, augmentation du nombre de Pôles d’Appui à la Scolarisation… Le dernier comité de suivi de l’école inclusive, qui ne s’était pas réuni depuis près de 20 mois, n’a visiblement fait que réaffirmer des mesures, dont certaines annoncées depuis 2018. Si cette cohérence dans les paroles est rassurante, les élèves et leurs familles attendent surtout des actes.

Comité national de suivi de l’école inclusive : effets d’annonce ? !

Un coup d’accélérateur bienvenu. Promulguée le 17 février dernier et publiée le lendemain au journal officiel, une nouvelle loi prouve que le gouvernement peut se saisir avec efficacité de certaines problématiques. Les différents témoignages du sénateur Gilbert BOUCHET, lui-même atteint de la maladie de Charcot et porteur de ce projet de loi ne sont certainement pas étrangers à cette évolution depuis longtemps revendiquée. En l’occurrence, l’instauration d’une dérogation pour que les personnes atteintes de pathologies évolutives graves puissent bénéficier de la prestation de compensation handicap dans de meilleurs délais, au-delà de la barrière de 60 ans (majorité des cas déclarés). À la clé également, un renforcement de la coordination entre les MDPH et les centres maladies rares.

Une loi pour accélérer l’accompagnement des maladies évolutives graves.

Pour le Collectif Handicap 54,
François JACQUES, Edito/Résumés

Vincent HAREL, Veille informationnelle


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