
Un enfant en situation de handicap à l’école La Fontaine (Nancy) a échappé de justesse à une rupture d’accompagnement AESH, grâce à une mobilisation citoyenne.
Cet élève de CP, reconnu en situation de handicap et bénéficiaire d’une notification MDPH, risquait de se retrouver sans soutien humain à la rentrée du 5 octobre 2025. Une AESH a été recrutée in extremis et est présente depuis le 6 octobre — un soulagement, mais une situation inacceptable dans un système censé garantir la continuité de l’accompagnement.
Cela n’est pas un cas isolé.
Dans les départements de Meurthe-et-Moselle (54) et de Moselle (57), de nombreux enfants bénéficiaires d’une notification MDPH se retrouvent sans accompagnement, malgré la validité de leur droit. La tension est permanente : les départs (retraites, démissions, etc.) sont nombreux et les recrutements difficiles.
Soulignons également le manque de formation initiale des enseignants sur l’accueil des élèves à besoins particuliers et la nécessité de faire évoluer le métier d’AESH vers un poste d’agent·e d’inclusion plus performant et mieux reconnu.
La loi est claire — et pourtant bafouée malgré les bonnes volontés :
- Article L.112-1 du Code de l’éducation : tout enfant en situation de handicap a droit à une scolarisation en milieu ordinaire avec les aides nécessaires.
- Article L.351-3 du Code de l’éducation : l’accompagnement humain prévu par la MDPH doit être mis en œuvre par l’Éducation nationale.
- Article L.114 du Code de l’action sociale et des familles : égalité des droits et des chances pour les personnes handicapées.
Ne pas respecter une notification MDPH, c’est :
→ Violation du droit à l’éducation et à l’inclusion ;
→ Manquement grave à l’obligation légale de scolarisation ;
→ Dommage psychologique et pédagogique pour l’enfant.
Il est demandé :
1️⃣ Le respect immédiat de toutes les notifications MDPH en cours de validité dans les départements 54 et 57 ;
2️⃣ Le remplacement sans délai de tous les AESH manquants, notamment dans les écoles de Nancy et ses environs ;
3️⃣ La mise en place d’un dispositif d’alerte et de réaction rapide pour éviter toute rupture future.
Au-delà de ce cas, il est nécessaire d’agir sur les causes structurelles.
Pour rappel, la loi de 2005 repose sur 2 piliers : L’accessibilité et la compensation, l’un et l’autre devant fonctionner en vase communicant jusqu’à certaines limites. Plus l’accessibilité se développe, moins la compensation individuelle serait nécessaire.
A l’école, au collège et lycée, l’accessibilité pédagogique demeure encore très difficile à mettre en oeuvre :
- Les classes sont surchargées, les enseignants se retrouvent seuls pour individualiser l’enseignement, et les PAP (Projets Personnalisés de Scolarisation) ne sont pas toujours bien mis en œuvre.
- Les enseignants eux-mêmes manquent de formation initiale et continue sur l’accueil des élèves à besoins particuliers et sur le travail en équipe avec un AESH.
- La concertation avec les enseignants est souvent absente, alors que leur collaboration est essentielle.
- Le temps administratif manque, et les enseignants sont débordés par les tâches bureaucratiques.
En matière de compensation des situations de handicap, elle reste encore difficile à obtenir et demeure un parcours du combattant pour les parents :
- Le salaire des AESH est peu attractif, ce qui freine le recrutement et accélère les départs.
- Leur formation est insuffisante : on leur demande d’être expert·e·s de tout, notamment des troubles du comportement, sans accompagnement ni soutien.
L’accessibilité pédagogique ne se réduit pas à des aménagements ponctuels. Elle exige un système éducatif repensé, où :
- les enseignants sont formés, soutenus dans des classes moins chargées ;
- les AESH sont reconnus, formés et intégrés à l’équipe pédagogique ;
- les PAP sont des outils vivants, non des documents administratifs ;
- les familles sont associées, non marginalisées.
Il est temps de transformer le métier d’AESH en un véritable poste d’agent·e d’inclusion :
→ Mieux rémunéré, mieux formé, mieux reconnu ;
→ Intégré dans une équipe pédagogique structurée ;
→ Doté de moyens et de temps pour accompagner, non pas remplacer, mais soutenir l’enfant dans son parcours scolaire.
Si les conditions étaient remplies pour une accessibilité pédagogique, les AESH pourraient se spécialiser dans certaines situations de handicap, avec une meilleure formation et reconnaissance financière.
Ces solutions, réalisables dans le cadre des textes existants, nécessitent une volonté politique, un financement adapté et une concertation réelle avec les acteurs du terrain.
✍️ Signez. Partagez. Exigez que chaque enfant en situation de handicap bénéficie de l’accompagnement auquel il a droit — sans délai, sans exception, sans compromis.
Note : Les chiffres officiels sur le nombre d’enfants non accompagnés dans les 54 et 57 ne sont pas encore disponibles. Mais dans la seule ville de Nancy, plusieurs cas sont déjà identifiés. Les parents sont en cours de contact pour documenter et faire valoir ces droits.
En Moselle, la situation est particulièrement critique :
- Difficultés de recrutement persistantes ;
- Départs massifs d’AESH vers le Luxembourg ;
- Familles souvent délaissées ;
- Décisions en CDAPH (Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées) parfois défavorables aux enfants, sous l’influence de contraintes budgétaires ou de disponibilité des places — avec une convergence d’intérêts entre l’Éducation nationale et la MDPH qui peut peser sur les décisions.
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